Père Charles Plumier (1646-1704) Religieux botaniste



Charles Plumier est né à Marseille le 20 avril 1646, il entre dans l'ordre des moines franciscains minimes à l'âge de 16 ans. Il entre au couvent Saint-François –de-Paule, à Bormes où bientôt s'acclimateront les mimosas. Il commence par étudier les mathématiques et termine ses études à Rome, au monastère français de la Trinité des Monts, où il suit les cours de botanique du Père Philippe Sergeant. Il se révèle un dessinateur et un peintre de grand talent. Puis il revient en Provence où il herborise sur les côtes méditerranéennes et dans les Alpes avec Garidel et Tournefort. Il réunit un herbier considérable, dont il dessine la plupart des espèces. Sa vie va changer lorsqu'il rencontre Michel Bégon (1638-1710), ancien intendant de Saint-Domingue et intendant des galères à Marseille.

Ce dernier, chargé par le roi Louis XIV de trouver des hommes pour explorer les Antilles, propose à Plumier d'accompagner, en tant que naturaliste, le médecin et apothicaire marseillais Joseph Donat Surian (1650-1691) afin d'effectuer l'inventaire des richesses des Antilles. Leur premier voyage durera de 1689 à 1690. En effet, Plumier revient seul 18 mois après leur départ et ses recherches sont consignées dans un premier ouvrage Description des plantes de l'Amérique avec leurs figures publié en 1693. Lors de ce premier voyage, il est nommé botaniste du roi. Il n'a laissé aucun herbier : toutes ses plantes et tous ses objets d'histoire naturelle ont péri dans un naufrage mais heureusement ses manuscrits et dessins se trouvaient sur un autre navire. Comme il avait travaillé avec Surian lors de ce voyage, on peut cependant considérer l'herbier de ce dernier, environ 1000 plantes en 10 volumes in-folio, conservé au Muséum d'histoire naturelle de Paris, comme l'ensemble des types de Plumier.


Plumier, Charles (1646-1704).
Plan du fort royal de la Martinique. Manuscrit BNF


Plumier repartira plusieurs fois pour les Antilles : en 1693 et en 1696. Il visitera la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Domingue et aussi les régions côtières des Etats-Unis. Il dessine et décrit les espèces inconnues. En 1696, il rentre définitivement en France pour mettre en forme son trésor botanique. Ce travail de longue haleine durera 10 ans. Certains de ses dessins sont repris 50 ans plus tard dans divers articles et planches de l' Encyclopédie méthodique de Lamarck consacrés à l'histoire naturelle. En 1703, paraît enfin Nova plantarum americanum genera , une somme de 106 genres nouveaux, 219 espèces et 40 planches, gravées de sa main. Puis, en 1705, paraît le Traité des fougères de l'Amérique , orné de 172 planches. Alors qu'il repartait en mission au Pérou, sur ordre de Guy-Crescent Fagon, médecin de Louis XIV et directeur du Jardin botanique du roi (l'actuel Jardin des Plantes), qui désirait connaître les arbres à quinquina, il meurt le 20 novembre 1706 d'une pleurésie avant de s'embarquer à Cadix.

A sa mort, il laisse une œuvre immense : 22 volumes in-folio de dessins et de manuscrits qui furent dispersés dans les grandes bibliothèques d'Europe et en France notamment à la Bibliothèque nationale de France et au Muséum d'histoire naturelle de Paris.

Plumier se montre un taxonomiste rigoureux et inventif. En effet, il s'est attaché à décrire les plantes suivant une classification qui en fait un précurseur de Carl von Linné (1707-1778), naturaliste et médecin suédois. Linné a mis en place une classification qui attribue à chaque espèce (végétale ou animale) un double nom latin, générique et spécifique (la nomenclature binominale).

Il reprend d'ailleurs à son compte plusieurs descriptions et dénominations créées par Plumier. Plumier latinise volontiers les noms vernaculaires, c'est-à-dire les noms courants souvent donnés dans la langue du pays d'origine de la plante. Par exemple, il internationalisera la vanille : dénommée la "petite gaine" ou vainillia, découverte au Mexique en 1571 par Hernandez, médecin de Philippe II, roi d'Espagne, elle apparaît dès 1664 dans les dictionnaires français sous la forme vanille. Plumier se contente donc de la latiniser en Vanilla planifolia . Cette méthode a le mérite d'inventer un langage. Il est aussi l'inventeur de la dédicace botanique : il dédie une plante à un homme (un bienfaiteur, une connaissance, un naturaliste ou un voyageur célèbre).

On peut citer comme exemple de dédicace : le Fuchsia. Plumier découvre vers 1696, à Saint-Domingue, un petit arbuste au nom indigène de Molla Ecantu , plante de beauté. Plumier lui donne alors le nom de Fuchsia triphylla flora coccinea en l'honneur de Léonard Fuchs (1501-1566), botaniste allemand auteur d'un des premiers traités de botanique. Environ 25 ou 30 espèces types et variétés sont aujourd'hui cultivés dans les jardins botaniques ou collections privées. La plupart des fuchsia commercialisée en Europe sont des hybrides, en nombre considérable, souvent difficiles à rattacher à une espèce précise. De même pour le bégonia, c'est Charles Plumier qui crée le genre en 1690 suite à sa découverte aux Antilles. Il le baptise en hommage à son bienfaiteur Michel Bégon, alors intendant du roi Louis XIV.

Le genre begonia sera officiellement reconnu en 1700 par Joseph Pitton de Tournefort puis par Carl von Linné en 1753 au moment de l'institution de son système de classification binominale. Le genre Begonia L . appartient à la famille des Begoniaceae qui couvre toutes les régions tropicales du globe à l'exception de l'Australie. Un autre exemple de dédicace est le Magnolia grandiflora : nom donné par Plumier en l'honneur de Pierre Magnol (1637-1715) botaniste, directeur du jardin botanique de Montpellier en cette fin de XVIIe siècle et créateur de la notion botanique de « famille ». Décrit par Plumier, ce sont des nantais qui l'introduisent pour la première fois en France au début du XVIIIe siècle. Cet arbre, de 15 à 20 m de haut, a des feuilles persistantes, ovales, lancéolées de 15 à 20 cm et très épaisses et luisantes sur le dessus. Ses fleurs sont d'un blanc pur, très parfumées et mesurent de 20 à 25 cm de diamètre. Il porte aussi le nom de laurier-tulipier.

Plumier, comme nous venons de le voir, en plus de son rôle de précurseur dans la description et la dénomination des espèces est également l'un des premiers à suggérer les notions de paysage botanique et de groupements des végétaux. Il annonce ainsi avec 3 siècles d'avance la « phytosociologie ». Tournefort lui rendit a son tour hommage en lui dédiant le genre Plumeria , désignant le frangipanier, arbre magnifique aux étranges moignons piquetés de superbes fleurs blanches ou roses, aux 5 pétales disposés en forme d'hélice.

1 commentaire:

Herscher a dit…

Je l'avais découvert à Marseille . Je le retrouve à Rochefort .
A la lecture de ses différentes biographies il
est bien souligné l'injuste et grande méconnaissance de
ce savant si valeureux et important .
J'espère trouver au Jardin des Plantes (Bibliothèque )
une large documentations sur les oeuvres du Père PLUMIER
et en particulier des dessins .
Merci !!!